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Quels enjeux pour 2014, Année Internationale de l’Agriculture Familiale (AIAF)?

Face à l’absence d’un évènement marquant au niveau international qui créerait un réel élan en faveur de l’agriculture familiale, le Forum Rural Mondial (FRM) est parvenu à l’idée de promouvoir l’agriculture familiale à travers une année internationale. Un vaste mouvement réunissant les organisations paysannes du monde entier a amené à l’adoption de la proposition d’organiser l’AIAF à l’unanimité lors de la conférence de la FAO de juin-juillet 2011. Suite à cela, l’Assemblée Générale des Nations Unies a proclamé officiellement 2014, Année internationale de l’agriculture familiale, le 22 décembre 2011, lors de sa 76ème session.

1. L’agriculture familiale : une forme de production durable
L’agriculture familiale correspond à une forme de production qui se caractérise par le lien structurel particulier existant entre les activités économiques et la structure familiale. Elle concerne tous les domaines de production rurale (agricole, forestière, halieutique, pastorale et aquacole) et repose essentiellement sur la main-d’œuvre familiale (hommes et femmes). En Afrique sub-saharienne, l’essentiel des exploitations agricoles sont familiales (près de 80%) et le secteur emploie près de 75% de la population active. Malgré ce poids économique et social important, elle n’en reste pas moins une activité marginalisée. Aucune législation ne reconnaît l’agriculture familiale en tant que profession et les agriculteurs ne bénéficient d’aucune protection sociale. Elle est très souvent perçue comme archaïque, improductive, incapable d’innover, non compétitive, inadaptée au marché, etc. Autant de préjugés qui occultent la dimension sociale, culturelle et surtout leur capacité de résilience.

2. Une forme de production efficace à soutenir et à valoriser
La capacité de l’agriculture familiale à nourrir le monde a fait l’objet de multiples réflexions. Contrairement aux idées reçues, les exploitations familiales ont fait preuve de flexibilité, d’innovation et d’adaptation aux marchés et aux changements rapides du contexte économique et institutionnel. Et, en plus de participer à la sécurité alimentaire mondiale, elles constituent un facteur de préservation des produits alimentaires locaux traditionnels et de conservation de l’équilibre et de la biodiversité agricole par une utilisation durable des ressources naturelles (Via Campesina, 2010). Bien soutenue par des politiques orientées vers la protection sociale et la valorisation des savoir-faire paysans, elle peut contribuer à stimuler les économies locales et régionales.

3. Objectifs globaux de l’AIAF et défis à relever
Dans la feuille de route de l’AIAF, quelques objectifs globaux ont été déclinés :

i) apporter un appui à l’élaboration de politiques favorables à une agriculture familiale durable,
ii) améliorer la diffusion des connaissances, la communication et la sensibilisation du public,
iii) mieux comprendre les besoins, le potentiel et les contraintes de l’agriculture familiale, et garantir un soutien technique et
iv) créer des synergies, renforcer le développement durable (FAO, 2013).

Nombreux sont les défis qui se posent au développement des exploitations familiales (accès aux facteurs de production, très faible participation au processus de décisions, etc.) et qui se traduisent par le manque de reconnaissance du rôle stratégique qu’elles jouent. Pour garantir une agriculture familiale productive, rentable, soucieuse de l’environnement, il convient d’aller vers la valorisation des innovations paysannes et la levée des préjugés autour de cette activité. Des actions pour l’instauration d’un dialogue politique visant à infléchir la vision réductrice des décideurs par rapport à cette forme d’agriculture s’avèrent être nécessaires.

4. Grandes lignes d’action de l’AIAF : quels positionnements du REPAOC ?
Les lignes d’actions dégagées dans le cadre de l’AIAF sont

i) promouvoir le dialogue dans les processus politique,
ii) identifier, documenter et diffuser les résultats positifs des politiques existantes à tous les niveaux en faveur de l’agriculture familiale et
iii) faire des campagnes de communication, de plaidoyer et de sensibilisation (FAO, 2013).

Pour célébrer cette année, le REPAOC (Réseau des plateformes d’ONG d’Afrique de l’Ouest) va lancer sur la base des initiatives de ses 10 plateformes membres et de ses alliances au niveau local et international, des actions de plaidoyer pour inciter les décideurs à formuler des politiques pour une réelle prise en compte des exploitations familiales. Les résultats attendus de cette approche seront d’arriver à influencer les agendas politiques sur ces thématiques d’intérêt général que sont la sécurité alimentaire, la prise en compte des populations vulnérables, l’emploi des jeunes, la protection de l’environnement et le changement climatique, la bonne gouvernance, l’amélioration des moyens d’existence des populations rurales, etc.

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