Dans la plupart des pays en développement, l’agriculture, qui reste le premier secteur économique, représente en moyenne 29% de la production nationale et 65% de l’emploi. Cette agriculture regroupe l’agriculture « moderne » et l’agriculture familiale. En Afrique sub-saharienne, l’essentiel des exploitations agricoles sont familiales (près de 80%) et le secteur emploie près de 75% de la population active. Malgré ce poids économique et social important, elle n’en reste pas moins une activité marginalisée.
Qu’est-ce qu’INSARD ?
Le projet INSARD (Including Smallholders in Agricultural Research for Development) fait la promotion de l’agriculture familiale puisque la capacité de l’agriculture familiale à nourrir le monde a fait l’objet de multiples réflexions. Les exploitations familiales ont fait preuve de dynamisme, de flexibilité, d’innovation et d’adaptation face aux marchés et changements rapides du contexte économique et institutionnel.
INSARD est un projet de recherche-action financé par l’Union européenne, et mis en œuvre par six partenaires : trois partenaires africains dans trois pays (ESAFF : Tanzanie, PELUM : Zambie, REPAOC : Sénégal) et trois européens (Etc. Foundation, GRET et Practical Action). Il vise à encourager une implication plus active des Organisations de la société civile (OSC), tant les ONG que les Organisations de producteurs (OP), dans leurs efforts visant à influencer les systèmes de recherche agricole en Afrique. Le postulat est que ceux-ci doivent véritablement prendre en compte la détermination des besoins, l’identification des problèmes et opportunités, la conception et la mise à l’essai de nouvelles possibilités des petits producteurs.
Sa mise en œuvre : identification des thématiques de recherche
L’objectif principal du projet INSARD est d’assurer une participation éclairée d’un large éventail d’organisations européennes et africaines de la société civile dans la formulation et la mise en œuvre de systèmes de recherche agricole pour le développement (RAD) davantage axés sur la demande, centrés sur les petits producteurs et ayant une orientation agro-écologique .
L’approche développée par le projet consiste à s’appuyer sur les initiatives et les réseaux existants dans les trois pays pilotes concernés, afin de développer la connaissance et des outils de plaidoyer sur le sujet. Dans chaque pays, un thème de recherche a été pré-identifié. Dans le cas spécifique du Sénégal, la thématique qui a été retenue porte sur la propriété foncière et ses conséquences sur les modèles de développement agricole. Dans ce cadre, une étude prospective a déjà été réalisée fin 2012 et restituée en janvier 2013.
La phase de médiation
Le projet a ensuite initié un processus d’intercession entre les organisations paysannes (OP) et les ONG d’une part, et les organisations de recherche d’autre part, afin de les aider à produire trois pré-projets de recherche en partenariat, centrés sur des thèmes d’intérêt commun prioritaires pour les paysans. A cet effet, les acteurs identifiés dans la mise en œuvre du projet ont été invités à définir des objectifs communs en lien avec une thématique perçue comme pertinente pour aller vers l’élaboration de pré-projets de recherche, qui prennent en compte les besoins exprimés par les paysans en matière de Recherche Agricole pour le Développement (RAD).
Quels enseignements ?
Les pré-projets de recherche sont élaborés sur la base d’une approche multi-acteurs, avec la constitution de Groupes de Recherche-Action travaillant en partenariat, sur la base d’une démarche inclusive et d’apprentissage mutuelle (entre agriculteurs, chercheurs et OSC) pour chercher des solutions adaptées au milieu local et adaptables à l’échelle nationale.
INSARD a proposé une démarche assez innovante, partant des besoins des agriculteurs, pour développer, par des analyses systémiques et participatives des réalités sociales, environnementales et techniques agricoles, des pré-projets de RAD. Les réflexions ont débouché sur des propositions de recherche remplissant des objectifs : i) de développement pour répondre aux besoins des agriculteurs, ii) scientifiques qui s’appuient sur une démarche de recherche co-construite, et iii) de production d’argumentaires solides, scientifiques et préalables pour défendre les intérêts des populations vulnérables pour les ONG.