Le CONGAD chef de file de la thématique NEPAD et l’ensemble des membres du REPAOC ont pris une position commune à travers une déclaration lors du Forum Social Mondial à Nairobi.
Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est présenté comme un cadre stratégique global, complet et intégré visant le développement socio-économique de l’Afrique. Il s’agit d’un plan conçu et élaboré par les dirigeants africains, déterminés à extirper le continent du malaise du sous-développement, de la marginalisation continue du processus de mondialisation et de l’exclusion sociale de la majorité de ses peuples. L’appauvrissement du continent africain a été principalement accentué par l’héritage du colonialisme, de la guerre froide, des rouages du système économique international et des insuffisances et faiblesses des politiques menées dans de nombreux pays après indépendance.
Le NEPAD cherche à tirer parti des réalisations du passé et à réfléchir sur les leçons d’une expérience douloureuse afin de mettre sur pied un partenariat qui soit à la fois crédible et réalisable. Le défi que les peuples et les gouvernements d’Afrique doivent relever est de comprendre que le développement est un processus de responsabilisation et d’autosuffisance. En conséquence, les africains ne doivent pas être les pupilles de gardiens bienveillants mais plutôt les principaux acteurs de l’amélioration soutenue de leurs conditions de vie. Le NEPAD reconnaît que dans le passé, des tentatives visant à formuler des programmes de développement au niveau du continent ont été faites. Pour des raisons diverses, à la fois internes et externes, y compris un leadership et un degré de participation douteux des africains eux-mêmes, ces programmes n’ont pas été couronnés de succès. Le nouveau programme constitue un nouveau cadre d’interaction avec le reste du monde, un engagement que les dirigeants africains ont pris envers les peuples africains et la communauté internationale afin de placer l’Afrique sur la voie d’une croissance durable.
Considérant les principaux objectifs du NEPAD ci-après :
• favoriser une croissance accélérée et un développement durable ; • éradiquer la pauvreté généralisée et profonde ; • stopper la marginalisation de l’Afrique dans le processus de mondialisation.
Considérant les engagements ci-dessous pris par les dirigeants africains pour atteindre les objectifs susmentionnés :
• consolider les mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits aux niveaux régional et continental et faire en sorte que ces mécanismes soient utilisés pour restaurer et maintenir la paix ; • promouvoir et protéger la démocratie et les droits de l’homme dans leur pays et leur région en établissant des normes claires de responsabilité, de transparence et de démocratie directe aux niveaux local et national ; • restaurer et maintenir la stabilité macro-économique, en particulier en mettant au point des normes et cibles appropriées en matière de politiques monétaires et budgétaires et en instaurant des cadres institutionnels adéquats pour en assurer la réalisation ; • instaurer des cadres légaux et réglementaires transparents à l’intention des marchés financiers, pour assurer l’audit des compagnies privées comme du secteur public ; • revitaliser et élargir la prestation des services d’enseignement, de formation technique et de santé, en accordant une forte priorité à la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et autres maladies contagieuses ; • promouvoir le rôle des femmes dans le développement socio-économique en renforçant leurs capacités dans les domaines de l’éducation et de la formation, en développant des activités lucratives grâce à un accès plus facile au crédit et en assurant leur participation à la vie politique et économique des pays d’Afrique ; • renforcer la capacité des Etats d’Afrique d’instituer et de faire respecter la législation et de maintenir l’ordre ; • promouvoir le développement des infrastructures, de l’agriculture et de sa diversification vers les agro-industries et les manufactures au service des marchés locaux comme de l’exportation.
Considérant les insuffisances relevées dans le processus d’appropriation du NEPAD, qui reste, pour l’essentiel une dynamique intergouvernementale,
Considérant la nécessité d’inscrire les besoins des Africaines et des Africains au cœur des initiatives visant le développement durable de l’Afrique,
Considérant l’importance de la participation et du contrôle citoyen dans le « développement participatif »,
Considérant les résultats jugés peu satisfaisants par les dirigeants africains eux-mêmes,
Considérant la nécessité d’identifier les obstacles à l’atteinte des objectifs du NEPAD,
Considérant la nécessité de construire le développement durable de l’Afrique à partir d’initiatives prises et portées par les Africaines et les Africains,
Le REPAOC demande aux gouvernements africains et au Secrétariat du NEPAD :
- de promouvoir une politique d’information dynamique dans les langues nationales afin de favoriser l’appropriation du NEPAD par les Africaines et les Africains ;
- d’impulser des dynamiques participatives pour une pleine participation de la société civile africaine à la revue du NEPAD, dont les orientations libérales ne garantissent pas un développement humain durable prenant en charge la nécessité de corriger les disparités de genre ;
- de s’approprier les leçons tirées de l’échec du Plan de Lagos.
Afin de contribuer à l’identification des limites du NEPAD et à son appropriation sur la base d’une revue le REPAOC s’engage à réaliser une étude visant les objectifs suivants :
• faire le point et analyser les processus de conception et de vulgarisation du NEPAD dans les huit (8) pays membres du REPAOC ; • faire le point et analyser la mise en œuvre du NEPAD aux niveaux national, sous régional et régional ; • faire le point et analyser la mise en œuvre des engagements pris par la communauté internationale ; • formuler des propositions de solutions émanant de la société civile en vue de corriger, adapter et consolider le NEPAD.
Considérant la responsabilité des pays créanciers dans l’endettement des pays africains qu’ils ont encouragé,
Considérant le caractère illégitime de la dette des pays du Sud, qui a servi à l’enrichissement d’une minorité,
Considérant qu’entre 1980 et 2001, les PED ont remboursé 4500 milliards de dollars, soit 7,5 fois leur dette de 1980,
Considérant que les transferts de ressources financières des pays en voie de développement où vivent 86% de la population mondiale, vers le nord sont supérieurs aux montants alloués dans le cadre l’aide publique au développement qui s’élevait en 2001 à 51 milliards de dollars au moment où les remboursement atteignaient 382 milliards au titre du service de la dette, ??
Considérant que l’Afrique subsaharienne, dont la dette est passée de 60 à 210 milliards de dollars de 1980 à 2001 a transféré 240 milliards de dollars au titre du service de la dette durant la même période, soit quatre(4) fois sa dette de 1980 mais se retrouve avec une dette trois fois plus élevée que celle de 1980,
Considérant qu’en 2001, les pays du Sud ont transféré 138 dollars vers le Nord au moment où le PNUD estime “qu’à l’échelle planétaire, il manque aux Pays en voie de développement quelque 80 milliards de dollars pour assurer à tous les service sociaux de base,
Considérant que le service de la dette empêche les pays africains de disposer des ressources nécessaires pour garantir l’accès des populations aux services sociaux de base, lutter contre la pauvreté par la création de richesses et d’emplois et asseoir les bases d’un développement humain durable,
Considérant que les ressources du secteur privé s’orientent principalement vers les secteurs garantissant un rapide retour sur l’investissement et des profits,
Considérant que les rééchelonnements hypothèquent davantage l’avenir des enfants,
Considérant que les allègements et annulations partielles ne constituent pas une réponse appropriée à l’aspiration légitime au développement des pays africains qui se heurte à l’obstacle de la dette,
Nous, organisations membres du Réseau des plates-formes d’ONG de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (REPAOC), réunies à Nairobi où se tient l’assemblée générale du réseau et le Forum social africain,
Demandons l’annulation pure et simple de la dette des pays en voie de développement, qui est une condition nécessaire pour asseoir les bases d’un véritable partenariat au développement, lutter efficacement contre la pauvreté par des investissements massifs dans les services sociaux de base ainsi que par la création de richesses et d’emplois durables dans l’agriculture, l’industrie et les services,
Demandons aux pays africains d’inscrire la dette au cœur des négociations sur le partenariat au développement.
Dans cette perspective nous nous engageons à contribuer au renforcement des capacités de négociation et de plaidoyer des pays africains à travers la réalisation, dans les huit pays membres du REPAOC, d’une étude sur la typologie et le volume de l’endettement, sur l’incidence du service de la dette sur la lutte contre la pauvreté et les capacités de développement. L’étude portera également sur des mécanismes tels que l’ajustement structurel, l’initiative PPTE et les résultats des annulations annoncées par la Banque mondiale et d’autres bailleurs.