En janvier 2008, les Chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest, ont exprimé leur volonté de conclure un Accord de Partenariat Economique (APE) porteur de développement. Pour donner corps à cette vision, les experts de l’Afrique de l’Ouest, ont travaillé d’arrache-pied.méthodologie utilisée par la CEDEAO a été rigoureuse et la démarche largement inclusive de tous les Etats et les acteurs non étatiques de la région, y compris les représentants des secteurs productifs. La Commission européenne a été elle-même largement impliquée dans ces travaux.
Le résultat de ce travail pionnier est l’élaboration d’un Programme de l’APE pour le développement (PAPED). Les projets identifiés ont fait l’objet d’une estimation financière initiale de 9.5 Milliardsd’euros sur cinq ans,compte non tenu de la compensation des pertes fiscales des Etats engendrées par la suppression des droits de douane.
Alors que l’Afrique de l’Ouest attend de l’Union européenne un engagement sincère, cette dernière en est encore à tergiverser et à spéculer en avançant que le montant de 6.5 Milliards serait disponible et mobilisable pour l’Afrique de l’Ouest.
Au delà du gap de 3 milliards d’Euros qui demeure, selon Cheikh Tidiane Dieye, « une analyse de ces montants révèle qu’ils ne sont rien d’autres que le cumul de tous les fonds européens bilatéraux et régionaux destinés à la région et aux Etats d’Afrique de l’Ouest. En réalité, l’Union Européenne ne fait que « recycler » et transférer des fonds déjà prévus pour d’autres projets en changeant seulement de rubrique et d’appellation. ».
C’est pourquoi les Chefs d’Etat, les Ministres et les négociateurs de l’Afrique devraient rester vigilants et fermes sur au moins deux points :
- « s’assurer de la cohérence entre les appuis identifiés par la Commission européenne et les besoins contenus dans les plans opérationnels du PAPED, ainsi que de l’additionnalité des ressources à mobiliser pour la mise en œuvre du programme » ;
- « obtenir de la partie européenne la présentation d’un tableau clair et détaillé du financement du PAPED indiquant entre autres les ressources retenues, les sources de financement ainsi que la nature des fonds (dons, prêts, flux non concessionnels etc.) »
En se contentant de la réponse de la Commission européenne au PAPED, l’Afrique de l’Ouest pourrait courir le risque de s’engager dans l’APE, en faisant le maximum de concessions, en attendant d’hypothétiques financements qui pourraient n’être qu’une coquille bien vide. C’est ce que l’on appelle laisser la proie pour l’ombre.
Selon Aurelien ATIDEGLA de la Plateforme de la société civile du Bénin, « Le programme PAPED n’est pas une demande d’aide classique. Douze PMA vont ouvrir pour la première fois de leur histoire une proportion importante de leur commerce à l’Europe. Ils renonceront à des recettes fiscales importantes et rien ne garantit que les réformes qu’ils mettront en œuvre, surtout dans un contexte de crises, puissent combler les gaps financiers ainsi créés. L’Europe doit donc changer de position et faire des propositions acceptables »
Les Chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest ont fait du financement du PAPED par l’Union européenne une condition préalable pour la signature de l’APE. Ils ont maintenant toutes les cartes en main et une occasion unique d’exiger plus que des promesses. Mais la vérité est que l’Union européenne n’a ni argent frais, ni ressources additionnelles disponibles. Ses difficultés à aider la Grèce le prouvent à suffisance. Seule une volonté politique farouche venue de l’Afrique de l’Ouest peut l’amener à en rechercher.
Ont signé: POSCAO-AC, REPAOC, FOSCAO, ROPPA, RJEAO, OSCAF, COASAD