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COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les Organisations de la Société Civile d’Afrique de l’Ouest exhortent les chefs d’États de la CEDEAO à prioriser les migrations lors de la réunion de la CEDEAO au Libéria. 

Avant les réunions statutaires de la Communauté Economique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à compter du jeudi 25 mai, qui seront terminées par le 51ème sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le dimanche 4 juin 2017, le Secrétaire Permanent de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations a tenu une réunion à Monrovia avec l’Union des ressortissants des pays de la CEDEAO résidents au Liberia et des organisations de la société civile libérienne dont l’ECOWAS Civil Society Movement of Liberia et l’ECOWAS Women in Liberia. Cette réunion avait pour objectif de faire le point sur la présidence libérienne de la CEDEAO qui est à sa fin. Au cours de la réunion, de nombreuses questions liées à la migration ont été soulevées par les OSC.

 

Il apparait clairement qu’aussi bien au Libéria que dans tous les pays de la CEDEAO, les migrants communautaires ont des problèmes réguliers pour obtenir ou renouveler leur carte de résident ou leur permis de travail.En plus de cela, la libre circulation des citoyens de la CEDEAO n’est toujours pas une réalité en raison des harcèlements aux frontières pour le contrôle des passeports et des carnets de vaccination. Les migrants, les commerçants transfrontaliers et, particulièrement, les femmes paient le prix élevé de la situation qu’ils rencontrent lorsqu’ils traversent les frontières pour leurs activités.

Bien que nous rendons hommage au leadership de Son Excellence Ellen Jonhson Sirleaf lors de sa présidence de la CEDEAO, nous marquons notre déception face au peu de changements au niveau des politiques migratoires régionales. La situation des migrants ouest africains ne cesse d’ailleurs de s’empirer. Des milliers de jeunes de la CEDEAO sont morts dans le désert, dans les prisons libyennes et dans la mer Méditerranée en allant à la recherche d’un mieux vivre à l’extérieur pour leur personne et leur famille. Des milliers de jeunes continuent à être victimes de trafic par le biais d’organisations criminelles. Des femmes et des enfants ouest africains se retrouvent en situation de traite dans la sous région, sur le continent, en Asie, en Amérique et en Europe en exerçant des travaux domestiques ou en se faisant exploiter sexuellement.

Il est encore difficile pour les citoyens d’Afrique de l’Ouest de se déplacer librement vers d’autres régions d’Afrique. Et en raison du plan d’action de La Valette conclu avec l’Union Européenne et de la nouvelle politique migratoire aux Etats Unis d’Amérique (en particulier les changements au niveau du Temporarily Protected Status qui affectera de manière conséquente les communautés de la CEDEAO aux États-Unis originaires du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée), nos frères et sœurs sont de plus en plus déportés vers nos États sans respect de leurs droits humains et sans soutien à leur réinsertion locale. La majorité des chefs d’États ouest africains restent silencieux sur tous ces problèmes liés à la migration.

Dans ce contexte, l’Observatoire Ouest Africains des Migrations, l’ECOWAS Civil Society Movement of Liberia, l’ECOWAS Women in Liberia et l’Union des ressortissants de la CEDEAO au Libéria, au cours de leur réunion, ont formulé les recommandations suivantes à l’endroit des chefs d’États de la CEDEAO. Nous appellons :

1- Le gouvernement du Libéria à s’attaquer à la question des 250 dollars US de frais que doivent payer les citoyens de la CEDEAO pour l’obtention de leur carte de résident au Liberia et des100 dollars US pour l’obtention d’un permis de travail.

2- Les chefs d’États de la CEDEAO à prendre des mesures concrètes contre les harcèlements et la corruption aux frontières de leurs pays pour faciliter la libre circulation des citoyens de la communauté.

3- Les chefs d’États de la CEDEAO à prendre plus d’initiatives au niveau de l’Union Africaine pour assurer l’adoption rapide et la mise en œuvre d’un protocole de libre circulation en Afrique.

4- La CEDEAO à réexaminer sa coopération avec l’Union Européenne, les États-Unis d’Amérique et tous les pays qui ne cessent de déporter nos citoyens de la diaspora afin d’assurer la protection de leurs droits et de soutenir leur réinsertion locale.

5- Les Etats de la CEDEAO à avoir un dialogue sincère avec leurs partenaires de l’Union Européenne et des Etats Unis d’Amérique pour créer des canaux légaux pour les jeunes africains dans leur mobilité en modifiant leurs politiques migratoires.

6- Les présidents ouest africains à négocier des accords de développement et de commerce équitable avec leurs partenaires internationaux pour assurer des créations d’emplois viables pour les jeunes et une croissance économique durable dans notre région pour combattre les causes profondes de la migration forcée.

7- Les dirigeants ouest-africains à réévaluer leur gouvernance économique pour lutter contre la corruption afin de minimiser la pauvreté et la vulnérabilité de nos populations.

8 Les chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO à veiller à l’octroi de la double citoyenneté à tous les citoyens de la CEDEAO de la diaspora.

9- Nous appelons à agir contre les contrebandiers et les trafiquants, en particulier dans les cas où les migrants d’Afrique de l’Ouest sont vendus comme esclaves dans des marchés ouverts en Libye.

Nous notons le récent accord avec la Mauritanie et la manifestation d’intérêt du Royaume du Maroc de rejoindre la CEDEAO. Nous espérons que cela aboutira à une réelle intégration au bénéfice des peuples de la sous région et non à la volonté de satisfaire la soif de marché des entreprises.

Fait à Monrovia le 24 mai 2017

L’Observatoire de l’Afrique de l’Ouest des Migrations,

L’ECOWAS Civil Society Movement of Liberia,

L’ECOWAS Women in Liberia,

L’Union des ressortissants de la CEDEAO au Libéria.

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